Historique de la société (S.S.N.A.H.M)
Par Alain Catherinet
C'est en avril 1904 à la Salle d'agriculture de Langres
(l'actuel Crédit Agricole), que fut fondée la " Société
des Sciences Naturelles de la Haute-Marne ". Une association issue du
grand mouvement scientiste de la fin du XIXe siècle, constituée
grâce à l'opportunité du tout nouveau cadre de la Loi
de 1901 sur les associations à but non lucratif. Les premiers statuts
sont tournés vers la mise en commun des observations et des travaux
de chacun, la formation de collections, mais également l'adhésion
à un vaste mouvement " d'éducation populaire " à
travers des excursions et un bulletin trimestriel.
Composée essentiellement d'ecclésiastiques langrois, amateurs
éclairés, cette société qui subit de plein fouet
la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, voit une majorité
de ses membres épris de laïcité réclamer son siège
à Chaumont en position départementale centrale. Devant le refus
des Langrois, une nouvelle société dissidente sera créée
à Chaumont sous le nom de " Société d'Histoire Naturelle
et de Palethnologie de la Haute-Marne ". Mais les deux sociétés
fusionneront de nouveau début 1913 sous le nom unique de " Société
d'Etude des Sciences Naturelles de la Haute-Marne ", alimentant un bulletin
désormais bimensuel, et conservera son siège à Chaumont.
La Guerre de 1914-1918, qui fut très meurtrière
jusque parmi les membres de la toute nouvelle société, mettra
un frein rapide à ses activités. Ce n'est qu'en 1920 que celle-ci
reconstituera ses forces vives, reprenant ses excursions l'année suivante,
se concentrant désormais plus particulièrement sur la préhistoire,
la botanique, la géologie et l'entomologie.
En 1930, le bulletin très onéreux, donne l'occasion d'un projet
de fusion avec le bulletin de la " Société Linéenne
de Lyon ". Mais ce projet qui n'aura pas de suite, verra pourtant la
réalisation d'un bulletin commun avec la " Société
des Sciences Naturelles de Bourgogne ", de 1937 à 1947.
Sous l'impulsion de Pierre Ballet, rentré comme secrétaire en
1935, la Société va connaître un nouveau dynamisme. Géologue,
botaniste, mycologue, puis auto formé à l'archéologie
et à la préhistoire, Pierre Ballet va rénover totalement
la Société en prenant en mains un bulletin qui redevient local,
alimenté en grande partie par ses travaux et compte-rendus de fouilles.
Devant l'érosion des spécialistes en sciences naturelles, il
ira même jusqu'à proposer de changer en 1952 l'intitulé
de la Société, qui prendra son titre définitif de "
Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie de la
Haute-Marne ", publiant désormais une majorité de travaux
archéologiques.
Mais la Loi du 27 septembre 1941 sur la réglementation des fouilles
archéologiques mettra un frein sérieux aux activités
de ce très actif secrétaire, contraint de limiter ses travaux
et ses publications.
En 1961, Pierre Ballet qui souhaite entreprendre l'uvre de sa vie à
travers la fouille programmée annuelle de la villa gallo-romaine d'Andilly,
démissionne de son poste de secrétaire, et la Société
perd du même coup l'artisan de son dynamisme. Et bien que les compte-rendus
de ces fouilles réalisées sous la houlette de la Société
alimentent à partir de la fin de 1961 notre bulletin, ce dernier en
équilibre toujours précaire, sera soumis à une nouvelle
fusion avec les " Cahiers haut marnais " entre 1963 et 1968, à
l'invitation de l'archiviste départemental. Mais en 1970, sous l'impulsion
de deux membres dynamiques, Jean-Claude Rameau et Jean-Marie Royer, le bureau
est entièrement renouvelé et un nouveau bulletin ronéotypé
au format A4 très économique (qui perdurera jusqu'en 1972) est
mis en place pour recréer un lien indispensable entre les adhérents.
Parallèlement, naîtra à la suite des premiers remembrements
l'association " Nature-Haute-Marne ", sous l'impulsion de plusieurs
membres dynamiques et militants qui voulaient être plus proches du terrain.
Une association évoluant toujours actuellement en parallèle
avec la " Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie
de la Haute-Marne ", qui présente de nombreuses activités
complémentaires, plutôt tournées vers le grand public.
En 1973, apparaît un nouveau bulletin imprimé de format réduit,
à la couverture verte (et plus tard marron), qui verra apparaître
les travaux de nouveaux membres dont Louis Lepage Claude Amiot ou Jean-Claude
Etienne, mais aussi ceux plus naturalistes de Jean-Marie Royer et Bernard
Didier ainsi que Jean-Claude Rameau. A partir de la même année,
les fouilles d'Andilly sont désormais dirigées par Marie-Thérèse
Zeyer (après avoir connu la direction de M. Frézouls de 1969
à cette date), qui en supervisera les travaux jusqu'à la cession
du site au Conseil Général.
Sous l'impulsion de tous ces membres dynamiques, la Société
fêtera en octobre 1979 ses 75 ans, en réalisant une semaine d'animation
à Chaumont autour d'une double exposition et de plusieurs conférences.
En 1979, la Société se voit dotée par la ville de Chaumont
d'un local dans la " maison des associations " avenue Carnot, où
elle installe sa bibliothèque et sa permanence. De nombreuses activités
sont désormais conduites par de nouveaux membres, qui redynamiseront
les activités de la société jusqu'à nos jours
: Jean-Louis Maigrot, Jean-Pierre Kohli, Marc Thomassin, Serge Février,
Alain Catherinet pour ne citer que les principaux, et depuis 1986 Luc Thomas
alors président de " SOS Fouilles 52 ". Il est vrai que plusieurs
désastres archéologiques majeurs (l'autoroute et le massacre
des thermes gallo-romains de Bourbonne-les-Bains en 1977, la nécropole
du Marsois en 1982) ont pu montrer à l'ère des grands travaux
paysagers initiés dans notre département par les remembrements,
la politique forestière et les infrastructures autoroutières,
l'utilité de la " Société des Sciences Naturelles
et d'Archéologie de la Haute-Marne " comme de " Nature-Haute-Marne
" sur le terrain.
De plus, la mise en chantier du mausolée gallo-romain de Faverolles
dès 1980 par Jean-Louis Maigrot et Serge Février, doublé
des fouilles spectaculaires de l'association de Luc Thomas dans les années
1980-1990 sous la houlette de la Société, alimenteront périodiquement
le bulletin, faisant rejaillir après le succès des fouilles
d'Andilly, l'aura de notre société bien au-delà des frontières
de notre département. De même, en 1998, Jean-Marie Royer, docteur
en sciences naturelles et ex-président de la Société
(de 1984 à 1993), sera honoré de l'Ordre national du mérite
pour ses multiples actions en matière de recherches scientifiques et
de sauvegarde de l'environnement, réalisées en partie dans le
cadre de la Société.
Le transfert au Conseil Général de la gestion des fouilles et
du site de la villa d'Andilly en 1994 et la dissolution par Luc Thomas en
2002 de " SOS Fouilles 52 ", seront l'occasion d'un recentrage des
activités archéologiques dispersées de la Société.
A cette occasion, le bulletin sera modernisé en 2001, désormais
réalisé au format A4 couleur sur papier semi glacé. Puis
en 2005-2006, par suite de la fermeture avant la vente de la " maison
des associations " avenue Carnot par la ville de Chaumont, la Société
sera contrainte de déménager ses collections et sa volumineuse
bibliothèque dans les nouveaux locaux associatifs de l'école
Jean Rostand.
Actuellement riche de plus de 200 adhérents et d'une bibliothèque
très spécialisée, la Société a fêté
dignement ses cent ans d'existence à travers un colloque au théâtre
de Langres les 3 et 4 avril 2004, invitant à cette occasion Jean-Marie
Pelt pour une conférence. Un scientifique qui nous a conforté
dans l'importance de la recherche sur le terrain comme de l'éducation
à l'environnement, toutes valeurs que cultive et développe la
Société depuis ses origines. Faisons donc encore longtemps fructifier
l'héritage associatif légué par nos prédécesseurs,
en vue de former des éco-citoyens responsables, respectueux de l'avenir
des milieux tant naturalistes (par l'étude des sciences naturelles)
qu'anthropiques (par l'étude des milieux archéologiques).
Si vous adhérez à ces valeurs, nous vous invitons à venir
grossir nos rangs en participant aux sorties de notre calendrier annuel, afin
de partager nos connaissances sur le terrain.